Peur irraisonnée, intense et
spécifique à un objet ou une situation. Les phobies sont très fréquentes dans
la vie psychique normale. Elles deviennent pathologiques par leur intensité et
leur retentissement sur la vie de la personne.
Les phobies s’accompagnent de
conduites d’évitement de l’objet ou de la situation, et/ou de conduites qui
rassurent (conduites contra phobiques). La personne a conscience du caractère
absurde de sa peur et en souffre.
Les phobies font partie des
troubles du comportement tout comme les troubles obsessionnels compulsifs ou
les troubles alimentaires.
Il existe de nombreuses sortes de
phobies : liées à notre environnement, des maladies et des microbes, des
animaux, des situations particulières...
Pour la psychanalyse, la phobie
est le produit d’un compromis agissant par un déplacement de représentations,
d’un objet significatif.
La différence entre une peur et une phobie :
Ne profitez pas des précisons qui
vont suivre pour prendre encore plus peur. On ne le répétera jamais assez,
aussi inconcevable que cela vous semble, les phobies se soignent très bien.
Alors quelle est la différence entre une peur et une phobie ? Passons outre la
définition très précise que donne le DSM IV, la bible de la psychopathologie.
La différence entre une peur et une phobie est avant tout une question
d’intensité. La phobie est généralement accompagnée de somatisations plus
fortes que la peur (crise d’angoisse, spasmophilie, crise de panique…) Elle
peut déboucher ou être accompagnée d’une dépression ou de situation d’anxiété
généralisée. Mais attention il ne faut pas relier phobie et dépression,
dépression et phobie ; les deux problèmes ne sont pas systématiquement reliés…
La phobie comme la peur peut
avoir n’importe quel objet, que celui-ci soit réellement menaçant ou pas.
Certaines phobies sont plus répandues que d’autres. Les phobies des serpents,
des araignées, des insectes sont très courantes ainsi que la claustrophobie
(peur des endroits clos), l’agoraphobie (peur de certains lieux et situations),
la phobie sociale (peur de certaines rencontres, situations sociales,
dévalorisation face aux autres…), le vertige… La phobie peut avoir une dimension
culturelle et sociale mais on notera que chaque phobie est particulière et ne
peut rentrer dans une définition générale.
Conséquence du refoulement d'une
motion pulsionnelle, sous le sceaux d'un interdit émanant de l'instance
surmoïque. L'affect d'angoisse est alors scindé de la représentation qui l'a
fait naître et se fixe sur un objet extérieur : l’objet phobogène. Il y a un
déplacement du danger, qui d'interne est devenu externe. La phobie est donc une
"stratégie psychique" consistant à transformer une angoisse
inabordable en une peur imaginairement plus supportable. Freud (1915), quant à
la construction phobique, parle d' "une véritable projection dans le réel
d'un danger pulsionnel : le moi se comporte comme si le danger de développement
de l'angoisse ne venait pas d'une motion pulsionnelle, mais d'une perception et
peut donc réagir contre ce danger extérieur par les tentatives de fuite des
évitements phobiques".
L'anxiété ne se manifestant qu'en
présence de l'objet ou face à la situation critique, le sujet aura recours à
des conduites dites contra phobiques. Les manœuvres destinées à protéger le
sujet contre son angoisse peuvent être regroupées en trois catégories :
- les conduites d'évitement qui
visent à empêcher la rencontre avec l'objet ou la situation phobogène : faire
un long détour pour ne pas passer à tel endroit où il y a des chiens, refuser
d'utiliser certains moyens de transport, rester confiné(e) chez soi, gravir dix
étages à pied plutôt que de prendre l'ascenseur, etc.
- les conduites de réassurance
qui permettent au sujet de surmonter son angoisse grâce à la présence d'une
personne proche, d'un animal protecteur ou même d'un objet (grigri) mais aussi
par des attitudes particulières comme chanter, parler, compter des choses, etc.
- les conduites de provocation où
le sujet joue avec sa phobie et adopte vis-à-vis de son entourage une attitude
hautaine et défiante qui peut rendre son existence de plus en plus appauvrie.
Tous ces comportements du sujet découlent de
sa phobie et visent à conjurer l'angoisse, soit en évitant l'objet phobogène,
soit en utilisant un objet contra phobique. En ce sens que cet objet peut
s'intégrer progressivement dans l'identité même du sujet et qu'il participe à
la préservation du moi qui pourrait voler en éclat sous l'angoisse, l'objet
contra phobique a une fonction narcissique.
Pour la psychanalyse :
La phobie est le produit d'un
compromis agissant par un déplacement de représentations, d'un objet
significatif (le père dans Le petit Hans) aimé et haï, à un objet moins
significatif mais chargé de peurs (le cheval chez Hans).
Le résultat défensif est:
"Ce n'est pas moi qui veut du mal à mon père rival de l'Œdipe, c'est le
cheval qui cherche à me mordre".
Il y a double mouvement:
projection et déplacement, la haine est projetée sur le cheval parce
qu'insupportable à la lumière de la censure ou du surmoi, et c'est le cheval
qui est menaçant à mon égard.
Le traitement psychanalytique
vise ainsi à mettre en lumière les mécanismes du ou des symptômes phobiques,
anxieux, etc.
Cela vise la réappropriation du
sens, puis son élaboration par le sujet, notamment dans sa configuration œdipienne
inconsciente.
Dès l'époque de Freud, on a
constaté que la phobie était un symptôme instable fugace et fragile, on parle
alors d'hystéro-phobie, de névrose psycho-obsessionnelle, etc. L'angoisse est
souvent présente comme signal d'alarme comme l'avait très bien montré Freud.
Dès lors, s'attaquer aux seules
manifestations symptomatiques peut apparaître comme très insuffisant. A la différence de l'approche béhavioriste, pour la psychanalyse, le symptôme phobique a un sens qu'il s'agit de déchiffrer pour en atteindre les sous-bassements inconscients.
L’accompagnement en psychanalyse - ou en psychothérapie psychanalytique
:
Le but est, à travers
l'investigation de l'inconscient du patient, de parvenir à une compréhension
profonde des symptômes et de leur raison d'être.
Cette investigation se fait dans
le cadre d'une relation transférentielle qui réactualise le conflit inconscient
afin de lui permettre d'être surmonté et dépassé. Cette psychothérapie des profondeurs est plus longue et plus engageante que la psychothérapie cognitivo-comportementale dans la mesure où elle s'attaque aux causes de la névrose et pas seulement à ses manifestations secondaires.
Pour aller plus loin :
-
Phobogène : ce qui déclenche la peur, l’aversion
ou la phobie.
-
Sigmund Freud : « Œuvres complètes vol 9 : Analyse de la phobie d’un garçon de cinq ans
(petit Hans) » Ed. : PUF- quadridge, 2006, ISBN 2130516874 ; « Remarques sur un cas de névrose de
contrainte (L’homme aux rats) » , Ed : PUF, 1998
Cabinet de psychanalyse et psychothérapie – Michael BARALLE
Situé dans le 18eme au 3. Square Lamarck – 75018 Paris
Téléphone : 01 42 58 37 80
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